… Il faut que chaque chose y soit mise en son lieu ;
Que le début, la fin répondent au milieu ;
Que d’un art délicat les pièces assorties
N’y forment qu’un seul tout de diverses parties …
Nicolas Boileau, Art Poétique
La ligne Muséum est la première à voir le jour dans notre collection, en janvier 2015. Et ce n’est pas un hasard : le muséum est la continuité des cabinets de curiosités, qui est l’essence même de Res Mirum. Dans cette ligne, des bijoux représentant des spécimens du règne animal figurant dans des tableaux moulurés, d’inspiration baroque ; pourquoi cette représentation ?
C’est la plus emblématique de nos lignes dont nous vous proposons ici de découvrir l’histoire.
LA CURIOSITÉ À L’ORIGINE
Il semble que la curiosité est consubstantielle de l’être humain. Depuis toujours, elle le pousse à s’interroger sur les différentes choses qui l’entourent ; mais avant même de comprendre le sens de ces choses, la simple fascination qu’elles exercent sur lui l’a poussé à les collecter et à les rassembler dans un même lieu, peut-être tout simplement pour pouvoir les admirer – et les faire admirer.
Ainsi on trouve les premières traces de l’activité de collection il y a au moins 30 000 ans, chez l’homme de Neandertal, dans la grotte du Renne à Arcy-sur-Cure : des blocs de pyrite de fer, une coquille de gastéropode et un polypier fossile ont été apportés et gardés ensemble.
Ancêtre des musées ? C’est sans doute un peu exagéré. Mais on peut tout de même se demander s’il n’y avait pas là quelques prémices…
L’APPARTION DES MUSEIONS
Bien plus tard, quelques siècles avant JC, on trouve trace de lieux de culte dédiés aux muses de la mythologie Grecque, nommés Mouseîon. Ce sont des endroits sacrés, composés notamment de jardins, de salles de réunion, d’autels et de bibliothèques ; consacrés aux arts et à la recherche, ils sont à la fois laboratoire, observatoire astronomique, jardin botanique, parc zoologique, institut de recherche, bibliothèque, réfectoire et salle de colloques…
Environ 300 ans avant JC voit le jour le plus emblématiques d’entre eux, le Mouseîon d’Alexandrie et sa fameuse bibliothèque. De nombreux Mouseîon sont ainsi construit durant l’Antiquité, par des consuls et autres hauts-dignitaires romains jusqu’à la chute de l’Empire Romain au IVème siècle après JC.
Le Moyen-âge en Occident marque une rupture avec le concept des Mouseîon. On voit apparaître des cabinets d’écriture, lieux de réflexion et d’étude au sein des organisations religieuses ou des familles royales. On y collecte et on y retranscrit le savoir sous forme de livre, dans des pièces à part où l’on peut se retirer pour être tranquille, posant peut-être là les bases du futur boudoir…
L’APPARITION DES CABINETS DE CURIOSITÉS
Puis à la fin du Moyen-âge en Europe, les collections évoluent ; en Italie naissent les studiolo. Créés par des personnes les plus riches, ce sont des cabinets d’étude et de travail, constitués de bibliothèques et d’œuvres picturales, d’objet d’art, de portraits… on y étudie la nature pour tenter d’en percer les secrets.
Mais la grande période pour les collections arrive à la Renaissance. Le XVème siècle, avec la découverte des nouveaux mondes, les explorations et le colonialisme, va impulser une évolution. Des espèces végétales et animales inconnues sont découvertes, venant alimenter un nouveau genre de collections, que l’on nommera en allemand Wunderkammer, en français cabinets de curiosités. Le mot latin Museum ou Musei continuera d’être employé dans d’autres pays.
Constituées par des personnes pour la plupart riches et influentes, on y trouve pêle-mêle toute sorte d’objets remarquables ou « curieux ». Le but principal de leurs propriétaires est principalement de prouver au monde leur puissance, de par leur capacité à posséder des pièces exceptionnelles souvent venues de très loin. Elles ne sont pas présentées dans la logique de nos musées d’aujourd’hui ; l’idée est plutôt de se représenter la nature dans toute son étrangeté au travers d’objets singuliers, magnifiques, rares. Des œuvres d’art, extraordinairement ouvragées ; des instruments issus des sciences, incroyablement sophistiqués ; des automates… Faute d’approche scientifique, les pièces que l’on y trouve sont parfois purement fantasques ; des spécimens hybrides, des espèces imaginaires, issus des mythes, des légendes et des croyances populaires…
DES CABINETS DE CURIOSITÉS AUX MUSÉES
Arrivé au XVIIIème siècle, il devient nécessaire d’avoir une approche plus scientifique des choses, de structurer les collections de les organiser de manière plus logique et méthodique.
Il faut souligner aussi que jusqu’ici, ces collections sont constituées par une élite, pour une élite. Vous n’avez pas la possibilité de visiter certaines d’entre elles si vous n’êtes pas de sang royal.
Le premier musée au sens où on l’entend aujourd’hui – c’est-à-dire public, est le Ashmolean Museum à Oxford, qui voit le jour en 1683, suite au don d’une collection privée importante.
Gallerie du Ashmolean Museum d’Oxford– © Ashmolean Museum
APPARITION DES MUSÉUMS
Le siècle des lumières préfigure ainsi ce que vont devenir les collections telles que nous les connaissons désormais. On voit tout d’abord apparaître des cabinets d’histoire naturelle, puis à la toute fin du XVIIIème en France sont institués le « Muséum central des Arts de la République » et le « Muséum national d’histoire naturelle ». Ces endroits sont des lieux publics, et viennent rassembler les collections privées qu’étaient les cabinets de curiosités en les présentant de manière plus rationnelle et pédagogique, dans l’esprit de partager la connaissance au plus grand nombre.
MUSÉE OU MUSÉUM ?
Par la suite, en Français le mot Musée sera utilisé plus généralement ; le mot Muséum ne restera que pour des établissements présentant des collections en rapport avec l’histoire naturelle, si bien qu’un Muséum est forcément… un Muséum d’histoire naturelle.
LE MUSÉUM DE RES MIRUM
C’est de cette ambiance dont la ligne Muséum veut s’inspirer. Les bijoux reprennent des espèces représentatives du monde animal : nautile, pieuvre, girafe, tyrannosaure, scarabée… retranscrivant ainsi l’esprit des collections d’histoire naturelle, figurant au centre de tableaux moulurés symbolisant les collections de portraits et d’art. C’est ainsi une part de l’évolution des collections au fil du temps, des premières explorations de la Renaissance au Romantisme du XVIIIème siècle, en passant par les influences baroques, rococo, néo-classique… que les bagues, bracelets, sautoirs et boucles d’oreilles de la ligne Muséum restituent.
Sources :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_de_musées_d’histoire_naturelle
http://expo-recits-de-voyage.edel.univ-poitiers.fr/lumieres/cabinet-de-curiosite-du-cabinet-au-musee.html
https://www.lesechos.fr/weekend/livres-expositions/arts-la-folie-des-cabinets-de-curiosite-1212334
https://www.alienor.org/publications/alcide-farcy/collections.php
http://hal.univ-smb.fr/hal-00433295/document
https://balises.bpi.fr/de-la-chambre-des-merveilles-au-musee-du-19e-siecle/
https://journals.openedition.org/gradhiva/3130
https://epistemocritique.org/les-objets-du-savoir-romanesque-musees-et-cabinets-de-curiosites-dans-die-wahlverwandtschaften-de-johann-wolfgang-goethe-mardi-dherman-melville-et-bouvard-et-pecuchet-de-gustave-flaubert/
https://fr.wikipedia.org/wiki/Muséum_national_d’histoire_naturelle
https://fr.wikipedia.org/wiki/Musée
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mouseîon_d’Alexandrie
http://www.formation-exposition-musee.fr/l-art-de-muser/1888-l-odyssee-museale
https://fr.wikipedia.org/wiki/Musée_d’histoire_naturelle