
On part, le front moitié triste, moitié riant,
Vers les pays dorés de l’antique Orient
Là, des nuits de l’Asie on soulève les voiles,
Sans deviner jamais le secret des étoiles.
Nuits d’Orient, poème et souvenirs, Henri Cantel
Lorsque nous avons créé Res Mirum en 2015, trois lignes constituaient notre collection : Museum, Boudoir et Majesté. Ces 3 premiers thèmes incarnaient le prestige d’un temps révolu de faste et de magnificence à l’occidentale.
Pour le 4ème thème, nous voulions développer une ligne moins centrée sur notre culture européenne. Ainsi en 2017, naissait une ligne inspirée de l’Orient.
Nous avons fait évoluer cette ligne quelques années plus tard. Nous avons repris les bijoux, et une nouvelle ligne orientale renaît ainsi en mars 2020.
Nous avons voulu restituer un peu du rêve de l’orient au travers de l’artisanat typique oriental, la beauté des motifs et la finesse des détails, l’aspect pittoresque de l’architecture…
Ce faisant, peut-être un peu à notre insu, nous nous sommes inscrits dans un courant qui traverse l’histoire européenne depuis plusieurs siècles, appelé Orientalisme. C’est d’ailleurs le nom que nous avons donné cette ligne…
Voici quelques explications 🙂
QU’EST-CE QUE L’ORIENTALISME ?
L’orientalisme est l’expression de l’attrait de l’Occident pour l’Orient.
Le mot « orientalisme » apparaît au début du XIXème, lui donnant là une consistance officielle, mais cette tendance prend ses racines quelques siècles avant.
Cette ligne retranscrit l’histoire de l’orientalisme Français ; car il faut préciser que ce courant s’est manifesté sensiblement différemment dans chaque pays d’Europe, et la description qui en est faite varie significativement selon les cultures.
A L’ORIGINE : DES ECHANGES INTER-CULTURELS DE PLUSIEURS MILLENAIRES
L’intérêt porté par les humains pour des sociétés étrangères semble déjà bien présent depuis longtemps ; on soupçonne des échanges d’objets ou de techniques entre des peuples éloignés dès la préhistoire, il y a plusieurs centaines de milliers d’années !

Galet taillé de 1,7 millions d’années, qui pourrait
avoir été parmi les premiers artefacts échangés
Si les traces d’interactions entre les cultures que l’on trouve à cette période de l’Histoire sont assez limitées et concerneraient surtout les pierres taillées, on trouve des indices plus signifiants aux abords du Néolithique il y aurait environ 12 000 ans, avec le développement de multiples techniques et savoir-faire.
On observe mieux encore à l’Antiquité et au Moyen Age des échanges commerciaux entre des peuples.
Cet intérêt va toutefois prendre un tour particulier à l’approche de la Renaissance, en particulier dans les pays Occidentaux.
PREMICES A LA RENAISSANCE
La popularité du récit que fait Marco Polo de son voyage en Chine fin XIIIème témoigne déjà de la curiosité que porte l’Occident pour un Orient lointain.
Le XVème siècle cependant amorce un tournant. Les puissances européennes vont explorer et cartographier le monde, ouvrir de nouvelles voies, poser le pied sur des terres qu’ils ne connaissaient pas et constituer leurs premières colonies. C’est l’époque dite des « grandes découvertes » ; c’est notamment la découverte du continent américain pour les Portugais et les Espagnols, avant que les Français, les Anglais et les Hollandais ne leur emboîtent le pas au XVIème.

L’imprimerie qui vient d’être développée (on en parle dans la ligne Bibliothèque !) propage les récits d’exploration, alimentant l’imaginaire des Européens.

Le livre du voyage autour du monde de Bougainville, de 1766 à 1769
Des expéditions rapportent des choses alors encore jamais vues. Des objets exotiques viennent nourrir les cabinets de curiosités des riches collectionneurs (on en parle aussi dans la ligne Muséum) : minéraux, végétaux, animaux empaillés et insectes séchés, squelettes, coquillages… mais aussi antiquités, œuvres d’art, objets manufacturés…

Johann Georg Hainz Cabinets of Curiosities 1666
EXOTISME ET ORIENTALISME
Cette ouverture sur le monde influence fortement les sociétés occidentales. On s’éprend des cultures étrangères, on cherche à reproduire leur artisanat.
Cette attirance pour une culture différente, cette tendance à s’en inspirer et à en copier le style s’appelle l’exotisme. Et l’exotisme des pays occidentaux se portant sur des cultures situées à l’Est de l’Europe, donne nom à un terme plus spécifique : l’orientalisme – même si le terme ne sera créé que quelques siècles encore plus tard.
L’Orient est alors une notion assez vague, qui peut aller du Proche-Orient à l’Extrême-Orient ; c’est-à-dire pouvant désigner les pays du pourtour méditerranéen, de l’Asie, du nord de l’Afrique voir même de l’Espagne, cette dernière ayant connu une présence arabo-musulmane de plusieurs siècles.
C’est ainsi que l’on voit apparaître un engouement soutenu pour les objets venus d’Asie – notamment pour les porcelaines de Chine, que l’on ne sait pas reproduire avec une telle perfection. On cherche à copier l’artisanat Chinois, créant alors la mode des chinoiseries. En vérité, la représentation que les Européens se font de la Chine est elle aussi assez imprécise, englobant une zone géographique bien plus vaste, notamment le Japon, la Corée, l’Inde…

Le Jardin Chinois par François Boucher, 1742

Armoire japonaise de l’ébéniste Thomas Chippendale © NTPL, Andreas von Einsiedel
En parallèle, les Turcs développent une vaste puissance impériale : l’empire Ottoman, qui contrôle de larges territoires tout autour du bassin méditerranéen. Dans une perspective de stratégie géopolitique, l’empire Ottoman et la France se rapprochent, puis conviennent d’une alliance au début du XVIème, qui va durer près de trois siècles.
Ce partenariat singulier initie une fascination particulière pour la culture turque, et met à la mode les turqueries. Dans la bonne société, on trouve de bon goût de se faire peindre habillé en costume oriental ; on donne bals et réceptions sur le thème des cours d’Orient…

Antoine de Favray, Portrait de Charles Gravier comte de Vergenneset embassadeur en costume turque, 1791

John Frederick Lewis, Réception, 1873

Jens Juel, Portrait de la duchesse Louise de Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Augustenbourg en costume turc, 1786
L’orientalisme du XVème eu XVIIIème va s’exprimer principalement dans les beaux-arts et la littérature, et va se concentrer plus particulièrement sur les pays du Maghreb, la Turquie et l’Egypte.
CONSECRATION DE L’ORIENTALISME AU XIXEME
Le XIXème siècle marque une nouvelle ère de colonisations pour la France.
L’alliance franco-ottomane est rompue en 1798 à cause d’une expédition militaire menée par Napoléon Bonaparte, qui va marcher sur l’Égypte alors sous contrôle Ottoman.
Pour autant, cet épisode ne marque la fin de l’orientalisme ; bien au contraire, il lui donne une impulsion nouvelle, car cette opération militaire se double d’une mission scientifique : de nombreux historiens, botanistes, dessinateurs et scientifiques accompagnent l’armée afin de rendre compte des richesses de l’Égypte. Cette expédition va développer l’égyptomanie dans les décennies qui suivent.
L’orientalisme s’étoffe ; le mot « Orientalisme » apparaît en 1826 dans l’Atlas ethnographique du globe.

La Bataille des Pyramides, Louis-François Lejeune, 1808
En 1827, on fait venir Zarafa, la première girafe sur le sol français ! Son histoire est racontée ici

Zarafa la girafe
En 1828 la France intervient dans la guerre d’indépendance des Grecs contre l’empire Ottoman, opération de nouveau doublée d’une mission scientifique.
En 1830 sous Charles X, la France va conquérir l’Algérie ;
En 1848 cette dernière est divisée en départements français ;
En 1854, la France intervient dans la guerre de Crimée, puis peu après dans le percement du canal de Suez…
La France poursuit sa politique expansionniste en annexant de vastes territoires en Afrique, mais aussi en Asie et en Océanie. Elle devient le deuxième empire colonial derrière l’empire colonial britannique. La colonisation de ces territoires en rend l’accès plus facile pour les artistes français, qui vont le dépeindre avec davantage de précision.

Jean-Joseph-Benjamin Constant, Dans le Palais du Sultan, XIXe siècle

Etienne Dinet, L’écrivain public, XIXe siècle
ENTRE FANTASMES ET REALITE
Le XIXème est une période de changements multiples ; politique, industrie, communication… qui entraîne un changement de paradigme dans les sociétés occidentales. On recherche notamment l’expérience de soi au travers du voyage. Se développe un goût pour le folklorique, le typique, le pittoresque. Le tourisme de masse apparaît.
L’orientalisme entre alors dans son apogée. Il s’institutionnalise et se répand, traversant les différentes expressions culturelles : littérature, théâtre, opéra, musique, architecture…. Des sociétés de peintres orientalistes et des expositions sont créés. Le mouvement s’exprime dans les différents courants picturaux qui fleurissent : académisme, romantisme, impressionnisme…
Certains artistes sont passionnés par l’Orient, et s’y rendent à de multiples reprises ; d’autres n’iront jamais, et en font une retranscription en se basant sur des photographies, ou en observant des animaux dans des zoos, ou bien en allant visiter des cabinets de curiosité.
Certains sont attachés à représenter des scènes de la vie ordinaire ; d’autres préfèrent des scènes plus grandioses empruntes de symbolique, ou des récits de contes et de légendes. Beaucoup y projettent leurs fantasmes, et voient là l’occasion de représenter des scènes érotiques. C’est ainsi un prétexte pour représenter des femmes dénudées, car il n’est pas contraire aux bonnes mœurs de représenter le nu lorsqu’il est mis en scène. Ainsi le thème des esclaves de harem appelées les odalisques, est un thème récurrent.

La grande Odalisque Jean-Auguste Dominique Ingres, 1814, Musée du Louvre
Ainsi, on peut dire que l’Orientalisme exprime une certaine vision de l’Orient, entre fiction, fantasme et réalité.
Son influence se poursuit encore XIXème, et même si elle a décliné aujourd’hui – notamment suite au processus de décolonisation, on trouve toujours des artistes d’inspiration orientaliste.
UNE VISION TRES OCCIDENTALE DE L’ORIENT
Nous avons pris conscience que le développement de l’orientalisme s’inscrit principalement dans une période d’expansion coloniale, et que la vision que l’on a de cet « Orient », au travers des images, livres, bandes dessinées, dessins animés, films… qui ont construit notre imaginaire est héritée d’un rapport construit au fil des siècles, pas toujours très valorisant pour ces cultures que l’on désigne un peu pêle-mêle sous cette notion d’Orient. Dans bien d’autres pays, le regard porté sur cet orientalisme occidental est très critique ; notamment dans les pays concernés. Certains historiens mettent en avant que ce concept s’est construit sur l’idée d’une culture occidentale « civilisée », au service de l’impérialisme, en opposition à des cultures considérées comme inférieures. Ils soulignant notamment que les hommes qui se sont posés comme spécialistes de l’Orient ne s’y sont généralement jamais rendu.
Aussi il apparaît nécessaire de considérer la vision que l’on a de cet Orient avec le recul que l’on a aujourd’hui.
LES BIJOUX ORIENTALISTES RES MIRUM
Dans cette ligne, nous avons eu à cœur d’être créatifs, et tout en respectant un style oriental, apporter une vision fidèle à notre esprit « cabinet de curiosités », essayant d’harmoniser Orient et Occident.
Nous avons également tenu à retranscrire dans notre représentation de l’orientalisme, une vision nuancée, aussi proche que possible d’une réalité historique, sans propager une notion fantasque.
Les bijoux orientaux de Res Mirum s’inspirent de l’architecture orientale au travers des façades de palais avec leurs portes typiques : des carreaux de faïence évoquant les mosaïques de zelliges ; des lanternes caractéristiques si magnifiquement ouvragées ; ainsi que des décorations en stuc ornant les plafonds des riches monuments.
Les noms des bijoux reprennent des noms de villes orientales.
Notons également que l’influence de l’Orient se ressent également dans la ligne Muséum, ou les éléments représentants une girafe font nécessairement allusion à l’Afrique :
l’influence de l’orient se retrouve également dans le pendentif & boucles d’oreilles Giraffa de la ligne Museum
La ligne Boudoir également, comporte certains éléments d’influence orientale :





Des éléments de la ligne boudoirs comportent des touches orientales ; notez les contours des éléments Lilium, de formes orientalisantes, ainsi que les éléments Acanthus subtilement japonisantes…
SOURCES :
Wikipedia
drouot.com
espacecreationjeanlouis.blogspot.com/2016/08/lorientalisme-du-21s.html
musee.info/L-orientalisme
musee-orsay.fr/fr/magazine/2024-09-26/orientalisme
LES BIJOUX ORIENTALISME
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Bague façade orientale Meknes
79,00€ – 84,00€ -
Boucles d’oreilles lanterne Carthage
125,00€ -
Anneau mosaïque Constantinople
73,00€ – 78,00€ -
Pendentif lanterne Carthage
119,00€ – 145,00€ -
Boucles d’oreilles mosaïque Constantinople
58,00€ -
Bracelet stucs orientaux Tlemcen
94,00€ -
Pendentif stucs orientaux Tlemcen
72,00€ – 98,00€ -
Bracelet façade orientale Meknes
82,00€